Définition

Selon le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), la précarité menstruelle désigne « les difficultés pour de nombreuses filles et femmes à se procurer des protections menstruelles à cause de leurs faibles revenus ».

 

Être une personne menstruée a un coût

Le coût financier des protections hygiéniques est conséquent, les associations en France estimant qu’une femme dépense entre 5 et 8 euros par mois pour l’achat de protections, soit 2470 euros pour toute une vie, en prenant en compte les dépenses les plus basses, ce coût pouvant être plus important en cas de flux abondant.

Mais les règles génèrent également d’autres frais : achat d’antidouleurs, visites chez le gynécologue avec reste à charge, rachat de sous-vêtements neufs ou de linge de lit, dont le coût a été estimé à 23500 euros au cours d’une vie par le journal anglais Huffington Post en 2015.

Ce coût est un facteur d’inégalité économique,…

Le coût des protections menstruelles est un facteur d’inégalité économique, notamment entre hommes et femmes, mais creuse également les inégalités existantes, puisque les femmes déjà en situation de précarité sont davantage susceptibles de connaître la précarité menstruelle. 4 millions de femmes en France seraient concernées, deux fois plus en 2023 qu’en 2021.
Femmes sans domicile fixe, collégiennes issues de familles défavorisées, travailleuses aux revenus fragiles, étudiantes vivant sous le seuil de pauvreté, détenues… toutes n’ont pas le pouvoir d’achat suffisant pour se procurer des protections hygiéniques. L’inflation galopante contribue à la détérioration de ces situations.

 

4 millions de femmes concernées en France

 

…, un facteur d’inégalité de santé, …

Cette précarité a des conséquences parfois dramatiques sur l’hygiène féminine et la santé des femmes : les solutions d’urgence improvisées (tissu absorbant, papier journal, éponges, boue) ou le simple fait de garder une même protection plus longtemps, peuvent entraîner des irritations du vagin, des allergies ou des infections plus graves, pouvant aller jusqu’au syndrome du choc toxique, rare, mais potentiellement mortel. A titre d’exemple nous pouvons évoquer la dangerosité des coupes menstruelles fabriquées à partir de bouteilles en plastique par certaines détenues, fait révélé par l’Obs en 2019.

 

…, et un facteur d’inégalité de droits et d’accès à l’éducation !

Au-delà des difficultés financières, la précarité menstruelle peut avoir comme conséquence dramatique le décrochage scolaire. En effet, de nombreuses collégiennes victimes de cette précarité préfèrent rester chez elles plutôt que de se rendre au collège lorsqu’elles ont leurs règles. Selon l’Ifop, 21% des filles et des femmes déclarent ainsi ne pas aller à l’école ou ne pas sortir par manque de protections intimes adaptées. Un tiers des jeunes femmes déclare avoir déjà subi des moqueries ou des discriminations liées aux règles.
Cette difficulté à se procurer des protections hygiéniques touche de nombreuses femmes dans le monde. Une étude de 2017 au Royaume-Uni montre qu’une femme sur 10 a déjà manqué d’argent au point de ne pas acheter de protections hygiéniques. En Afrique, ce n’est pas moins d’une fille scolarisée sur dix qui est concernée par ce problème selon l’UNICEF. 

 

Sur le plan politique, des actions en place…

Les règles sont « un sujet de politique publique », selon Marlène Schiappa, Secrétaire d’état à l’Égalité hommes/femmes en 2019, et ont fait leur entrée dans le débat public depuis quelques années.

Le combat a commencé par des actions citoyennes et associatives, puis en 2016, un premier pas a été franchi avec la baisse de la TVA sur les protections périodiques, qui est passée de 20% à 5,5%, une mesure visant à inciter les marques à baisser leurs prix.

En 2021, le Gouvernement avait annoncé la distribution gratuite de protections périodiques respectueuses de l’environnement dans les universités et les résidences des Crous en France. Mais l’objectif initial était à peine atteint aux deux tiers fin 2022. Le gouvernement a également pris la décision d’expérimenter la gratuité des protections menstruelles pour les femmes sans domicile fixe et les femmes détenues. Enfin, le 6 mars 2023, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé le remboursement par la Sécurité sociale des protections périodiques réutilisables à partir de 2024, pour toutes les jeunes femmes de moins de 25 ans. Une mesure positive, mais qui reste encore très restrictive dans le public ciblé, comme dans le choix des protections. En outre, certaines collectivités proposent désormais des distributeurs de protections périodiques dans les collèges et lycées. Ces initiatives sont à saluer, et mériteraient d’être déployées sur tout le territoire.

 

… Et ce qui reste à faire !

La France suivra-t-elle le modèle écossais ? Depuis 2018, en Ecosse, les protections périodiques sont en effet gratuites dans les écoles et les universités. Une première mondiale dans la lutte contre la précarité menstruelle.

Un projet de loi d’avril 2023, rangé depuis dans les tiroirs, proposait la gratuité des protections menstruelles pour toutes les personnes menstruées, produit reconnu comme de première nécessité et distribué gratuitement en pharmacie sur présentation de la carte vitale ou de l’AME, et distribué largement dans les universités et résidences universitaires.

 

GSF, engagée dans la lutte contre la précarité menstruelle

Dans l’attente de l’engagement politique, un engagement associatif et de société reste nécessaire, pour lever les tabous à l’endroit des menstruations, sensibiliser et former les professionnels et les femmes de manière plus large au choix des protections menstruelles, leur composition, leur utilisation, etc… Plus concrètement leur distribution aussi auprès de nos bénéficiaires, migrantes ou en situation de précarité, avec comme objectif la protection de la santé menstruelle en tant qu’enjeu de santé publique, d’égalité, et de dignité.

 


 

 

Nous remercions Règles Élémentaires pour la livraison de deux palettes de 40 cartons de protections hygiéniques Always dans les localités de Sainte-Luce (44) et Fuveau (13).