Ce qu'on ne nomme pas

Ce qu’on ne nomme pas n’existe pas.

A la suite de la médiatisation intense autour du procès des violeurs de Gisèle Pélicot, le gouvernement a missionné une équipe pour étudier la soumission chimique comme violence faite aux femmes.

 Dans ce cadre, j’ai assisté au nom de Gynécologie sans frontières, à l’Assemblée Nationale, à une audition à propos du contrôle coercitif présidée par la députée Sandrine Josso (auteure de l’amendement adopté en première lecture à l’Assemblée Nationale sur ce sujet en janvier 2025).

Le débat a été ouvert par Madame Andrea Gruev-Vintila, maitresse de conférences à l’université de Paris-Nanterre et auteure du livre Le pouvoir coercitif au cœur de la violence conjugale et intrafamiliale. Elle a rappelé que le contrôle coercitif va beaucoup plus loin que la simple emprise. Il peut être psychologique (privation du libre-arbitre et de la liberté, surveillance maladive), physique (brutalités, privation de nourriture, viols…) et financier (séquestration des moyens de paiement, contrôle du travail…).

De nombreux témoignages de médecins, pédiatres et pédopsychiatres, de juristes et magistrats, d’associations de soutien aux victimes et aux enfants de victimes ont été entendus. Des expériences à l’étranger (Ecosse, Angleterre.) ont été relatées montrant le retard de la prise de conscience de ce phénomène en France.

Ce qu’on ne nomme pas n’existe pas.

On rappelle que 860 femmes meurent par an par féminicides ou suicides forcés. Dans 98% des féminicides, on retrouve le pouvoir coercitif du conjoint ou ex-conjoint et dans 90% des suicides forcés.

Sur la santé physique, ces violences ont aussi un fort impact et   augmentent de :

- 200% le risque de souffrir d’endométriose

- 110 % le risque de faire une prééclampsie

- 570 % le risque d’avoir un mauvais vécu de son accouchement

- 56 % le risque de dépression et de tentative de suicide du post-partum.

Mais, aussi chez l’enfant, le risque de prématurité est augmenté de 160 % et le risque de retard au développement est de 150 %.

On a chiffré le coût de cette violence invisibilisée à 10 milliards d’euros, tant sur le plan médical que sur le plan social.

Il faut établir un protocole de reconnaissance de ce contrôle coercitif par la justice et la police, une protection et une prise en charge médicale et sociale, pour les victimes et leurs enfants (qui doivent aussi avoir le statut de victimes).

Notre association a un rôle à jouer, en formant nos bénévoles sur ce sujet pour dépister, soutenir et orienter les victimes. En premier lieu, lisons le livre d’Andrea Gruev-Vintila.

 

Écrit par Laurence Pecqueux-Binet

 

La collecte se poursuit

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