RENCONTRES DE LA MIPROF 20/11/25
Synthèse des principaux points
- Sources et méthodologie : Les chiffres sur les violences sexistes et sexuelles (VSS) proviennent de deux sources complémentaires : données administratives (plaintes, justice, police) et enquêtes sur le vécu et le ressenti (VRS), car toutes les victimes ne portent pas plainte. Cette double approche permet d’obtenir une vision plus complète du phénomène.
- Tendances récentes :
- Forte augmentation des violences constatée en 2023, stabilisation en 2024 avec 190 000 victimes recensées, mais une répartition très inégale sur le territoire.
- Les femmes restent les principales victimes, tous âges confondus. Les violences sexuelles et physiques sont en hausse, tout comme les violences non physiques (20 %). Le sexe est un déterminant majeur du risque de subir des VSS.
- La cyberviolence touche 3,2 % des majeurs en 2022, avec une prépondérance féminine. Les femmes sont plus exposées aux violences non physiques et cyberviolences.
- Dépôt de plainte et accompagnement :
- Seule une minorité de victimes porte plainte (12,3 %), avec un taux plus élevé en cas de violences physiques. Les mineurs portent plainte dans 10 % des cas, les majeurs dans 15 %. Les freins sont nombreux : méconnaissance des droits, sentiment d’inutilité, minimisation, culpabilisation lors du dépôt de plainte (ressentie par 2/3 des victimes).
- L’accompagnement doit être global, pluridisciplinaire et adapté à toutes les sphères de vie de la victime.
- Violences à l’étranger :
- Les femmes françaises à l’étranger sont aussi concernées, mais les chiffres sont sous-estimés à cause de nombreux freins (dépendance, isolement, contexte local, difficulté à signaler). Des dispositifs spécifiques sont mis en place dans certains pays (exemple de Singapour) et une feuille de route de la diplomatie féministe vise à améliorer l’information, la protection et la formation des personnels consulaires.
- Justice et protection :
- Augmentation des ordonnances de protection depuis 2021 possible en urgence et pour un an renouvelable et même en absence de dépôt de plainte, mais leur nombre reste faible comparé à d’autres pays européens. Les délais et critères d’attribution sont critiqués. Le rôle du magistrat évolue vers une meilleure protection des victimes et une prise en compte du contrôle coercitif exercé par les auteurs.
- Multiplication du nombre d’attribution de Téléphones Grave Danger (TGD) mais encore insuffisant
- Le suicide forcé est évoqué comme une forme de féminicide à part entière. Il a obtenu une reconnaissance juridique qui est peu appliquée
- Enfants co-victimes :
- Les enfants sont souvent co-victimes des violences conjugales, utilisés comme « armes » dans les conflits. 60 % présentent des symptômes de stress post-traumatique. La prise en compte de leur parole et leur protection sont essentielles, tout comme la possibilité de retirer l’autorité parentale au parent violent.
- Mouvements masculinistes :
- Forte montée des mouvements masculinistes et antigenres, bien financés et très actifs sur les réseaux sociaux. Ils remettent en cause les droits des femmes, des enfants et des personnes LGBT, et cherchent à influencer les lois et l’opinion publique. La prévention et la formation sont essentielles pour contrer leur influence, notamment auprès des jeunes.
- Conclusion
En clôture, Roxana Maracineanu a rappelé que la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants nécessite un engagement constant, coordonné et transversal. Les nouvelles formes de violence — cyberviolences, violences transnationales — ainsi que la montée des idéologies masculinistes imposent une actualisation permanente des outils et des pratiques. Le colloque met en évidence la nécessité d’un effort collectif : institutions, associations, justice, services sociaux et citoyens doivent agir ensemble pour garantir la protection effective des femmes et des enfants.
