Congrès INFOGYN à Pau du 03/10/2024 au 05/10/2024

GSF y était présent et actif au travers d’un stand GSF et de l’animation de deux ateliers :

Le Stand GSF

Le stand a été très visité par un public intéressé par :

  • Notre formation humanitaire à l’international FGOH
  • Notre jeu de l’oie « Relations et Prévention » qui a l’avantage de pouvoir animer un groupe sans avoir de grosses connaissances en animation. On a bien joué !

L’animation de deux ateliers du congrès INFOGYN

1. Atelier « la prise en charge transculturelle des femmes enceintes migrantes » : 

Animé par le Dr Frédérique Bertheault-Cvitkovic, praticienne transculturelle qui est une femme Médecin formée aux soins transculturels dans le service du Dr Claire Mestre à Bordeaux où elle a une activité de consultation comme bénévole de l’association Ethnotopies ainsi qu’à Bayonne comme médecin bénévole à la Fédération Etorkinekin d’accueil et accompagnement des personnes en exil.

Les soignants recevant les femmes en exil en période de périnatalité sont souvent mis en difficulté pour de multiples raisons. Ils se sentent notamment désemparés pour les

comprendre et les aider par manque de compréhension du contexte culturel des patientes. Or la grossesse et l’accouchement sont au cœur des coutumes et traditions de toutes les ethnies dans le but de protéger les mères et leurs enfants et donc d’assurer la survie de la communauté. L’exil place les femmes au carrefour de plusieurs cultures avec d’éventuelles possibilités de métissage problématiques. Ces femmes vivent de plus souvent isolées et en grande précarité socioéconomique. La souffrance psychique résultant des nombreux traumatismes avant, pendant et après le trajet migratoire les rendent peu accessibles au suivi de leur grossesse. Que peuvent apporter les soins transculturels ? Cette discipline d’origine française et américaine, associant anthropologie et psychiatrie, n’a qu’une vingtaine d’années d’existence en France. Ses bienfaits pour les patientes et les soignants en font une aide appréciable. Elle reste mal connue car complexe, et les services d’ethnopsychiatrie sont encore peu nombreux en France. Les participants à cet atelier d’INFOGYN en quête de curiosités anthropologiques exotiques ou de solutions magiques ont été déconcertés notamment au sujet des rituels autour du placenta et du cordon ombilical. En effet certaines sociétés africaines considèrent le placenta comme le « jumeau » du nouveau-né, c'est-à-dire qu'elles regardent celui-ci comme un être incomplet, comme un « reste ». Le placenta, dont on fait souvent une composante de la personne qui détermine la destinée future, représente le jumeau perdu. Parmi les nombreux rituels pratiqués à travers le monde à la naissance d’un enfant, le traitement du placenta (et, parfois aussi, celui du cordon ombilical) occupe une place particulièrement importante. Dans la plupart des sociétés, on le dépose dans une poterie avant de l’enterrer. Il fait partie entre autres des pratiques culturelles à connaître pour mieux prendre en charge nos femmes enceintes immigrées. La question des rites en exil est un point important. La distance rend parfois la mise en œuvre de ces rites difficile mais pas toujours impossible. Les familles qui voudraient mettre en œuvre ces rites protecteurs ont cependant du mal à le faire du fait de la solitude et du manque de cohésion du groupe dans l’exil, ou également du fait de leur propre acculturation. Ils rentrent parfois au pays pour procéder à ces rituels et permettre ainsi à ces enfants de grandir harmonieusement sans menace pour la famille. A la suite de cet atelier les participants.es sont repartis.es, c’était notre volonté, avec le sentiment de n’être pas seul(e)s dans leur mission de soins.

2. Atelier « sexologie humanitaire, expérience transculturelle »


Animé par Anne -Marie Lechartier, (en jaune sur la photo) médecin gynécologue obstétricien sexologue administratrice GSF ayant une grande expérience du travail à l’international. Elle nous a tracé l’évolution de la vision coloniale puis humanitaire de la sexualité.

 

Dans nos missions à l’étranger comme en France en travaillant pour Gynécologie Sans Frontières, nous sommes confrontés à des situations ou des consultations qui nécessitent un éclairage sexologique pour aider nos patientes qui souffrent dans leur vie intime. La connaissance d’une culture particulière, de ses codes, de ses valeurs et de ses croyances en matière de sexualité constitue un atout précieux pour l’intervenant en milieu multiethnique puisqu’il devra constamment faire face à cet aspect. De plus, cette connaissance l’aidera dans sa délicate tâche auprès de personnes d’autres origines ethniques. Les valeurs ethnoculturelles constituent un facteur déterminant dans l’établissement des rapports hommes/femmes de même que dans les scénarios contraceptifs et sexuels. De plus, celles-ci peuvent s’avérer des obstacles à l’éducation sexuelle en milieu multiethnique. Il est important d’écouter et de nous pénétrer de l’éclairage transculturel pour les aider. Pour beaucoup de femmes en Afrique, la vie amoureuse est profondément perturbée par les mutilations génitales coutumières. Les femmes dont le clitoris a été sectionné se plaignent de douleurs sur la cicatrice et de difficulté au plaisir. C’est un motif fréquent de consultation car cela entraine des troubles dans la sexualité du couple. Le mariage forcé et la polygamie sont aussi des obstacles à l’épanouissement intime. Dans certains pays (camp Rohingyas au Bangladesh, Panzi en RDC) on doit prendre en charge des femmes victimes de viol, ce dernier étant utilisé comme une arme de guerre. Nos techniques de soin doivent prendre en compte cet élément. En tant que soignants nous allons aussi être exposés à des situations qui vont nous remettre en question. Les ressources de la sexologie pourront alors aider tant les soignants que les patientes.

L’approche sexologique est essentielle dans notre travail de soignant aussi bien à l’étranger qu’en Europe. La sexologie devrait être incluse dans nos études et faire partie intégrante du cursus de santé. Parler de sexualité c’est parler de la vie même ! La santé sexuelle fait partie intégrante de la santé globale pour l’OMS. Mais l’idée qu’on s’en fait n’est pas universelle. Il faut se débarrasser de nos préjugés post coloniaux pour pouvoir écouter les maux à travers les mots. Une connaissance des obstacles rencontrés pour l’épanouissement d’une « santé sexuelle de l’autre » aidera à sa prise en charge par le professionnel de santé. L’enseignement de la sexologie n’est pas très répandu en France et est inexistant dans la plupart des régions du globe. Une vie sexuelle satisfaisante pour les femmes comme pour les hommes permet une vie plus harmonieuse et plus heureuse. Les nombreux participants.es de cet atelier en sont sortis ravis. Les questions et échanges furent très enrichissants.

La collecte se poursuit

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