Petite histoire du football féminin

« La question n'est pas de savoir qui va me laisser passer, c'est de savoir qui va m'arrêter » Ayn Rand.

Comme pour beaucoup d’activités sportives, tout commence en Angleterre, dans la très conservatrice Angleterre victorienne. C’est en 1881 qu’eut lieu le premier match officiel de football féminin, à Edimbourg, où onze jeunes écossaises rencontrèrent onze anglaises. En 1895, une aristocrate écossaise féministe et aventureuse, Florence Dixie, fonde l’équipe British Ladies Football Club. Des matchs sont organisés à travers tout le Royaume-Uni et suscitent un réel engouement. Des pionnières moquées dans la presse, parfois agressées physiquement, mais attirant la foule dans les stades et battant, outrage suprême, des équipes d’hommes.

En France, le Fémina Sport, fondé en 1912 par deux enseignantes d’éducation physique, est le premier club de football féminin. L’activité se développe dans la région parisienne, surtout dans les milieux populaires. Le premier championnat de France a lieu lors de la saison 1920-1921.

La première rencontre entre françaises et anglaises se joue en 1920 à Manchester. On compte alors plus de cent cinquante clubs en Angleterre et dix-huit en région parisienne.

Entre 1920 et 1970, le football féminin subit un gros coup d’arrêt : sous des prétextes sanitaires et moraux, les instances footballistiques masculines vont court-circuiter le football féminin. En Angleterre, la Football Association décide en 1921 d’interdire la pratique. Certains médecins pensent que le football peut rendre stérile, voire tuer. Il est conseillé aux femmes de pratiquer des sports plus « féminins », et surtout de le faire dans des endroits « clos et protégés des regards ». Le championnat de France s’arrête en 1933. Quant au gouvernement de Vichy, alors plutôt favorable au sport féminin, il interdit le football féminin en 1941, le jugeant « nocif pour les femmes ».

Le renouveau : c’est dans les années 1960-1970 que le football féminin reprend vie. En France, sous l’égide de la FFF, le championnat de France redémarre en 1974-1975, même s’il faut attendre 1984 pour qu’une femme, Marilou Duringer, soit élue au Conseil de la FFF. Le football féminin demeure cependant imprégné de clichés qui critiquent ces « garçons manqués » qui jouent au football ; l’activité s’accommode mal avec l’idée que l’on se fait de la féminité. La Coupe du Monde 2011 marque un virage important dans le développement du football féminin. Les matches se déroulent dans des stades pleins et l’écho médiatique est important. En France, le journal L’Équipe accorde trois « Unes » aux filles de l’équipe de France qui termine quatrième de la compétition.

Le football féminin est peu à peu sorti de l’ombre de son homologue masculin, mais de nombreux combats restent encore à mener, tant pour les cachets des joueuses, que pour leur exposition médiatique et pour les droits de retransmission télévisés.

L’histoire du football féminin reflète l’histoire compliquée et tortueuse de l’émancipation sociale des femmes depuis la fin du XIXe siècle, et demeure la justification même de l’existence de la journée internationale des droits des femmes.

L’ONU a choisi pour thème de cette journée du 8 mars 2025 : « Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation »

 

Références :

https://blog.univ-reunion.fr/lamotte/files/2021/03/Il-%C3%A9tait-une-fois-Le-football-f%C3%A9minin.pdf

https://www.mediapart.fr/journal/international/220619/les-pionnieres-du-foot-feminin-un-pave-egalitariste-dans-la-mare-victorienne

 

Écrit par Joelle Safi

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