Témoignage - La retraite et le bénévolat
La retraite et le bénévolat
Les sages-femmes en activité sont pleines de bonne volonté et, malgré leurs activités s’engagent. Cependant, le manque de temps rend la retraite un moment extraordinaire pour davantage s’impliquer.
Depuis longtemps, personnellement, je me suis engagée, entre autres, dans GSF. Avec mon amie avec laquelle j’ai partagé mon cabinet durant de longues années, nous formons un couple de « choc » pour animer les ateliers au sein des CADA (centre d’accueil des demandeurs d’asiles) et lieux de consultations en accueil de jour, gérés par le SAMU social 75 et EMMAUS.
Le bénévolat à la retraite, certes apporte des centaines de choses positives pour nos migrantes et SDF mais c’est aussi une manière de rester en pleine forme, dans notre tête, dans notre corps, dans notre métier, et égoïstement cela nous comble.
Notre métier est un métier de vie, même si nous avons toutes rencontré la mort, la souffrance, la misère. C’est un métier où la transmission est au centre de nos études, de notre travail, mais aussi de notre action auprès des femmes.
Dans les CADA, dans les accueils de jour, nous avons toute notre place pour accompagner les femmes un peu « fracassées » par la vie mais tellement « vivantes ». De plus, notre âge les rassure.
Nous intervenons dans différents cadres et rencontrons des publics différents : adolescents, femmes migrantes, SDF et, des hommes.
J’ai, personnellement, fait une très grande découverte, ces jeunes hommes dont la culture est rarement en faveur des femmes, sont très curieux de changer leur regard, soucieux de connaitre les femmes, dans leur corps avec des demandes d’apprentissage au respect, au consentement, en demandant des détails sur leur sexualité.
Dans les ateliers nous avons à répondre à beaucoup de problématiques différentes : information sur leur corps, leur physiologie, les traditions hygiénistes, la contraception, les violences sexuelles et conjugales, la protection des mineures avec l’accompagnement et l’information sur les mutilations sexuelles et leur reconstruction.
Dans les consultations, que ce soit au CHUM d’Ivry ou à OASIS à Paris, nous rassurons, diagnostiquons, soignons les femmes hors AME OU CSS comme celles qui sont déjà affiliées ; il faut savoir que pour beaucoup elles voient pour la première fois des professionnelles en gynécologie, elles sont en grande demande de « normalité ».
Mais parfois nous participons plus largement aux demandes d’intervention hors nos centres comme lors d’Octobre rose, où j’ai fait une intervention dans une maison des femmes après avoir fait un atelier spécifique avec une autre bénévole dans un de nos CADA. En 2022 et 2023 également dans les entreprises de la fondation RAJA. Ces interventions sont l’occasion d’informer les femmes et de lever des angoisses et réticences à nous rencontrer, sages-femmes et gynécologues ; car les violences antérieures ont laissé des traces.
Écrit par Anne-Marie Mouton et Anne-Françoise Sachet


