« Sage-femme », étymologiquement cela signifie « avoir le savoir des femmes », le savoir sur le fonctionnement du corps des femmes (dans la génitalité notamment), mais c’est aussi plus global, c’est la sagesse des femmes dans leur globalité. Être sage-femme c’est accompagner les femmes dans leur vie de femme dans sa globalité.
C’est ce que j’ai ressentie pendant ma mission de 4 semaines dans le Nord de la France. Cette mission, je l’ai faite dans le cadre de ma formation pour devenir sage-femme. Beaucoup me disent « mais t’as pas fait beaucoup de gynécologie pour un stage avec gynécologie sans frontière ». Au contraire, j’ai fait plus que ça, j’ai accompagné des femmes, j’ai écouté, j’ai considéré ces femmes venues d’ailleurs. Il n’y a pas une seule des femmes que j’ai rencontré qui n’a pas été victime de violence par des hommes qui les considéraient et les traitaient comme inférieure. Et ce patriarcat violent, elles l’ont subi dans leur pays d’origine, dans tous les pays où elles sont passées, et même en France… Au refuge, j’ai accueilli des femmes qui fuyaient des mariages forcés, des maris violents, des pays où les droits des femmes sont quasi inexistants, où sont pratiquées des excisions douloureuses, des viols, des grossesses non désirées, imposées, où il n’y avait pas d’accès à la scolarisation pour les filles… Des femmes seules, avec leurs enfants ou séparées d’eux, parfois dans l’espoir de les retrouver en Angleterre.
Je n’ai peut-être pas « fait grand-chose », mais j’étais là. Là où ça se passe. Après tout ce qu’elles ont vécu, qu’il y ait au moins quelqu’un, une association, ou même plusieurs, qui les traitent avec dignité. Pour les écouter et les considérer enfin comme des êtres humains.[…]
Ces quatre semaines ont été une claque pour moi, une révélation également. La révélation que la santé de toutes les femmes est primordiale et que l’accès aux soins doit être défendu pour tou.te.s. J’espère enfin continuer à pouvoir « prendre soin ».