De la femme d’agriculteur à la femme agriculteur...

L’agriculture est née au Néolithique... dans l’Antiquité, elle est devenue l’activité humaine principale. Les femmes ont toujours fait partie du monde agricole. Au début du XXème siècle, pendant la 1ère Guerre Mondiale, alors que les femmes françaises avaient pourtant pris en charge les exploitations agricoles, en l’absence de leur mari, parti au front, elles sont toujours considérées uniquement comme « des aides familiales »: aucune reconnaissance, sans protection sociale, ni retraite...

En 1957, est créée la 1ère commission féminine au sein de la FNSEA, Fédération Nationale des Syndicats des Explotants Agricoles.
En 1961, le mot agricultrice apparaît dans le Larousse.
En 1962, naissent les GAEC (Groupements Agricoles d’Exploitation en Commun). Cette loi était porteuse d’espoir pour les femmes, mais en réalité, a surtout favorisé l’association des pères avec leurs fils. Surtout que les 2 époux ne pouvaient pas être les seuls associés d’un GAEC !

De nouveaux statuts voient le jour, comme celui d’associée d’exploitation en 1973, puis celui de co-exploitante grâce à la loi du 04 juillet 1980, donnant enfin le droit de gestion de l’exploitation pour la conjointe et ainsi permet aux femmes un statut professionnel réel autrement qu’une « aide familiale » !

Les femmes travaillant dans le milieu rural, représentent plus d’un quart de la population mondiale. C’est en Afrique (62%) et en Asie (58%, sauf le Japon), que les femmes travaillent en majorité dans l’agriculture. En Europe c’est de l’ordre de 4%. Actuellement, en France, il est indéniable que le secteur de l’agriculture se féminise.

Malheureusement, les métiers du secteur de l’Agriculture sont toujours perçus comme des métiers «difficiles «physiques» «éreintants» «virils», les clichés nuisent à cette féminisation.

En 2021, paraît « Il est où le patron ? Chroniques de paysannes »: Roman graphique dénonçant le sexisme ordinaire et institutionnel dans le milieu agricole. Ouvrage engagé écrit à 12 mains, entre Maud Bénézit, dessinatrice de BD, ayant suivi une formation agricole et 5 agricultrices du collectif « Les paysannes en polaire » qui cherchaient à parler à travers la BD de leur quotidien dans ce monde agricole et du sexisme omniprésent.

Le sexisme est décrit comme « systémique »: de petites remarques ou blagues «innocentes» mais répétées, une sorte d’invisibilisation « Madame, il est où le patron ? » jusqu’à des barrières institutionnelles (accès matériel, chambre de l’agriculture).

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Le dessin de Maud Bénézit est « juste », le style visuel sert bien le propos avec des scènes réalistes.
Les 3 protagonistes, Jo Anouk et Coline, nous racontent leurs vies de paysannes, leurs joies et leur passion pour ce métier, mais aussi leur colère de femmes contre les discriminations et le sexisme qu’elles continuent de vivre au quotidien.

La lecture suscite une prise de conscience sur les inégalités et l’envie de lutter contre ces préjugés.

Cet ouvrage permet de se questionner sur la posture des femmes agricultrices. Lorsqu’on s’interesse aux questions de changement et d’évolution des rapports d’égalité Femmes/ Hommes, la dimension collective est essentielle. A travers ce récit, on voit bien comment ces 3 femmes acquièrent du pouvoir sur leur vie, de la reconnaissance au travers des liens qu’elles établissent entre elles, au sein d’organisations agricoles ou de réseaux.

Vanina CHAREYRE

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