250 kilomètres de course en autosuffisance, dans le Sahara sud marocain, c’est le défi qu'Héliette Garcia Fernandez va relever au profit de Gynécologie Sans Frontières. La proposition spontanée d’une maman de deux enfants, demeurant à Pont en Royans (Isère). Enseignante, autrice, sportive aguerrie de longue date et investie dans les équipes de Réponse aux Urgences de la Croix Rouge, en spécialité Relief et Team Leader, nous avons bien sûr dit « oui » !

Un engagement que nous sommes très honorés de susciter et qui fait suite à deux années de préparation, 10 ans de trail et 22 années d’arts martiaux. Heliette a également à son actif, une vingtaine de courses dans sa région,  une course de préparation de 70 km dans l’Atlas marocain, et une de 100 km dans le désert du Wadi Rum en Jordanie fin 2022.

Une course pour faire connaître les actions de Gynécologie Sans Frontières et lever des fonds permettant le remboursement du dossard d’Héliette et un don reversé si la collecte s’avère bénéficiaire.

Héliette multiplie les actions locales et cherche toujours des sponsors,

votre soutien sur la cagnotte créée en ligne est le bienvenu

Nous avons demandé à Heliette de nous en dire un peu plus… c’est un régal, en plus de courir, elle écrit très bien, avec humour, sensibilité et sincérité ! Ici quelques passages, vous retrouverez la totalité de l’article dans notre prochain journal « Le Monde de Gynécologie Sans Frontières » (sortie avril 2023)

Où cours-je, et dans quel état j’erre ?

« Je fais 4 sorties par semaine, auxquelles j’ajoute parfois des randonnées, de la natation, et du renforcement musculaire. Pour maintenir la souplesse et prévenir les blessures, je fais du qigong au quotidien (et je l’enseigne, aussi). Les séances de course ne sont pas toujours semblables : il y a au moins une sortie longue hebdomadaire, qui peut aller jusqu’à 30 ou 40 km, et pendant laquelle j’alterne marche et course avec un sac de 5 kg sur le dos ; les séances de sprint en montée ; les séances destinées à développer l’endurance, pendant lesquelles je ne dépasse pas un certain seuil de fréquence cardiaque, etc. Il faut savoir marcher très vite ou courir avec des jambes fatiguées, donc certaines semaines, j’enchaîne plusieurs sorties longues de suite… ». …« Contrairement à une préparation pour une course qui se fait en une seule étape, il faut pouvoir gérer l’intensité de son effort physique pour pouvoir continuer le lendemain. On ne peut pas tout miser sur une journée. »

On fait des calculs savants

« En matière de préparation, il faut anticiper tout ce que l’on peut afin d’être plus disponible pour régler les imprévus. Le sac est une des clés de la réussite : il doit être léger et bien ajusté, son contenu parfaitement calé. On allège tout ce qu’on peut : mon réchaud fait 12g, mon couteau 27g, ma popote est en titane, je vais reconditionner les plats lyophilisés pour me débarrasser des emballages trop pesants, mes lingettes pour une toilette rapide font 2g chacune et se réhydratent avec trois gouttes d’eau… Les choix sont drastiques : sous-vêtements de rechange ou pas ? Quid de la paire de tongs indispensable le jour de repos, mais pesant sa centaine de grammes sur toute la course ?... »

On calcule aussi les calories totales par jour, 2000 minimum selon le règlement de course, qui impose aussi un poids minimal du sac de 6,5 kg…. »

…« Et puis, on calcule le budget. Un sac technique, un duvet ultra-léger, des chaussures de trail sur lesquelles on fait coudre des guêtres, des chaussettes adaptées à l’ultra distance, des vêtements techniques sans couture pour éviter les brûlures de frottement, du matériel de cuisine et la pharmacie obligatoire, et nous sommes à 1000 euros. Six jours de plats lyophilisés, barres de céréales, électrolytes, et nous atteignons 300 euros de plus. Sans compter le dossard… »

On s’adapte

« L’organisation nous fournit l’eau et les tentes. C’est fou tout ce que l’on peut faire avec un bidon de cinq litres : on le cale sous les chevilles pour surélever les pieds et faciliter la récupération sportive, ou on y laisse un fond d’eau et on glisse ses vêtements par le goulot pour ensuite faire  la lessive en secouant la bouteille. Certains utilisent un fond de bouteille de 2L comme assiette pour éviter de laver leur popote par la suite. »…

On croise les doigts

« Il y a un facteur chance dans tout Marathon des Sables. En 36 éditions, les concurrents ont dû affronter des tempêtes de sable, des inondations (dans le Sahara, oui !), une épidémie de  gastro et même de la concurrence déloyale quand Cactus le chien a décidé d’accompagner les coureurs. Il y a eu cet Espagnol malheureux qui a dû abandonner parce qu’il a perdu une semelle de chaussure, ces concurrents pas assez rapides qui ont été doublés par le dromadaire-balai, les sacs qui craquent ou parfois les articulations… Alors on anticipe et on planifie tout ce qu’on peut, on s’adapte sur le terrain, et pour le reste, on croise les doigts. »…

Pourquoi si peu de femmes ?

« En moyenne, au Marathon des Sables, il y a 20 % de femmes seulement parmi les participants.

Pour la course sur 3 étapes à laquelle j’ai participé en Jordanie, selon le même modèle que le  MDS, nous étions 50 %. Pourquoi cette différence entre les deux courses et pourquoi, plus globalement, cette différence femme-homme ?

Deux facteurs : le temps d’entraînement et de préparation nécessaires, et le cycle menstruel.

Sans le soutien de ma famille, je ne pourrais pas participer. Mon mari et moi nous partageons… »

Le deuxième facteur concerne toutes les femmes qui ont un cycle menstruel. Ce n’est que très récemment que le cycle menstruel a commencé à être pris en compte pour les athlètes de haut niveau, et aucune étude scientifique n’avait été réalisée avant les cinq dernières années pour mesurer l’impact du cycle sur la performance et l’entraînement. Pour une épreuve telle que le MDS où on ne peut se laver pendant la semaine de la course, avoir ses règles ne pose pas  qu’un problème de pudeur (pas de toilettes pendant la journée) ou d’hygiène mais bien de santé. Pour celles qui souffrent de syndrome pré-menstruel, c’est encore plus difficile. Si on veut réaliser la course dans de bonnes conditions, il faut donc charger le sac un peu plus : tampons hygiéniques (seule option viable dans ces conditions) et lingettes sont le minimum absolu. C’est 500g de plus dans le sac… »

« Les questions que l’on me pose à propos du MDS sont d’ailleurs très révélatrices : les hommes me demandent à quelle vitesse je compte courir et combien d’heures je m’entraîne par semaine, les femmes comment je fais avec mes enfants et si on a accès à des toilettes… »

Un immense Merci à Heliette, nous l’accompagnerons sur ce parcours. Nous saluons le défi, nous sommes touchés par son enthousiasme et sa générosité  Et vous ? L’accompagner c’est aussi accompagner les actions de Gynécologie Sans Frontières

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Elle court pour Gynécologie Sans Frontières

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