Témoignages - atelier d'écriture avec GSF

Fragments d’histoires ….

De femmes abimées et blessées par la vie, elles montrent leur courage, leur résilience et l’espoir d’un

jour meilleur.

 

"Créé en 2018 le centre d’hébergement d’urgence dans lequel j’exerce mes fonctions, permet l’hébergement en chambres individuelles ou en appartements en diffus et l’accompagnement social de 27 personnes orientées par le 115. Les résidents partagent les sanitaires et la cuisine. L’hébergement d’urgence accompagne des personnes, (isolées ou familles), en rupture d’hébergement ou de logement. De nationalité française ou possédant un titre de séjour (ou en cours de régularisation), le public accueilli se trouve en situation de précarité : difficultés financières, isolement, rupture avec l’environnement social, femmes victimes de violences conjugales…

L’hébergement d’urgence n’a pas vocation à durer dans le temps, nous proposons alors un accompagnement social jusqu’à solution de sortie adaptée aux besoins des personnes accompagnées. Ces trois témoignages ont été rédigés lors d’un atelier écriture qui s’est déroulé en plusieurs séances. Il nous a paru important que leurs voix soient et puissent être entendues afin de lever certains tabous relatifs aux structures telles que la nôtre."

C. Intervenante d’action sociale

 

« Cela fait 25 ans que je vis en France. Je suis arrivée de Corée du sud avec un visa étudiant, je voulais apprendre le Français. Que j’ai étudié pendant deux ans. Puis j’ai rencontré un homme avec qui je me suis mariée, et avec qui j’ai eu un garçon qui aura en novembre 2023, 23 ans. J’ai aujourd’hui une carte d’identité Française. Mon mariage ne s’est pas bien passé, une vie de couple basée sur le mensonge puis des violences psychologiques. J’ai déjà tenté de me suicider, d’ailleurs, j’ai été hospitalisée en psychiatrie a deux reprises. Depuis le 01/02/2020, j’ai commencé à ressentir des regrets et de la culpabilité. Depuis je ne réussis plus rien, j’ai prié pour mourir. Avant j’étais une femme élégante, je travaillais, je voyageais, je ne craignais pas de bouger. Mes amis du Japon me manquent beaucoup. Je suis désolée pour mon fils, désolée de ne pas avoir été assez solide, de ne pas avoir agi correctement. J’ai enfin eu le courage de partir en 2023 c’est pourquoi aujourd’hui je suis hébergée dans un centre d’hébergement d’urgence. Je crains de tomber encore une fois. Je n’ai plus de ressources, pas de travail mais je vais regarder vers l’avant et ne plus penser à hier. Je me sentais seule, mais aujourd’hui je sais que je suis aidée par les assistants sociaux, je ne suis plus seule et ma vie va s’améliorer. Je VEUX vivre aujourd’hui … Pas hier ni demain. »

Anonyme

 

« J’ai 45 ans et je suis d’origine Algérienne. Je suis née à GAZAOUET. L’Algérie est complétement différente de la France, il y a par exemple beaucoup plus de pauvreté et il n’y a pas d’aides sociales quand on n’est pas dans un bon milieu social. Mais il y a aussi des personnes très riches. Je vivais dans une grande maison avec ma famille et mes parents. Nous étions d’un bon milieu social. J’allais à l’école et j’ai aussi travaillé comme coiffeuse là-bas. L’alimentation et la façon de s’alimenter et aussi différente, en Algérie, on ne mange que ce que l’on récolte, ici, il y a beaucoup de repas industriels. Je suis arrivée en France en avril 2000. J’ai rencontré un homme en Algérie, qui m’a convaincu de venir vivre en France, que ma vie serait encore meilleure. Mes parents m’ont aussi poussé à partir avec cet homme. Moi, j’aurais préféré rester en Algérie avec ma famille et mes amis. Une fois en France j’ai vécu chez la famille de ce Monsieur, mais rien ne s’est passé comme prévu. J’étais comme on dit, comme « l’esclave de la maison ». Puis ils m’ont mise à la rue. Je n’avais toujours pas de papiers, j’étais en situation irrégulière, ce qui a compliqué ma situation. J’ai alors connu les hébergements d’urgences de nuit, on appelle le 115 le matin, le soir s’il y a de la place ils nous hébergent pour dormir et le lendemain matin on retourne à la rue, j’ai vécu cela quelques mois. Ensuite, j’ai rencontré un autre homme, cet homme je crois que je ne l’ais jamais aimé, mais nous avons appris à nous connaitre et puis au début il était gentil avec moi. Il a pris une location, j’ai habité avec lui et je suis tombée enceinte de notre premier enfant, aujourd’hui j’ai 6 enfants. Nous avons été suivis par des travailleurs sociaux, qui nous m’ont aidé à avoir des papiers. Moi je restais à la maison pour m’occuper des enfants, et Monsieur travaillait, nous avons eu une location à Paris, puis nous sommes devenus propriétaires d’une belle maison ou nous avons élevé nos enfants. Mais Monsieur n’était pas gentil, il me laissait seule a la maison tout le temps et ne me laissait pas d’argent pour faire les courses, parfois nous ne pouvions pas manger avec les enfants, parce qu’il ne nous avait pas laissé l’argent. Il a aussi été très méchant avec moi et aussi devant les enfants. Un jour j’ai décidé de partir, je n’ai pas pu prendre mes enfants avec moi… J’ai été hébergée à droite et à gauche pendant plusieurs mois avant que je contacte encore une fois le 115. J’ai eu la chance d’être hébergée par l’ADARS et maintenant je vis dans un hébergement d’urgence ou on m’aide dans mes démarches administratives. Je suis entrain de vivre la plus terrible des choses, à cause de tout ça, je ne peux plus voir mes enfants, il y a un plein de problèmes judiciaire, je pensais partir pour nous protéger mais aujourd’hui j’ai peur. J’ai voulu rentrer en Algérie, mais mes enfants sont tout pour moi, je ne partirais pas et ferais le maximum pour les avoir avec moi. Aujourd’hui je suis en sécurité, je suis hébergée et aidée. Cette situation est très dure pour moi, mais je garde courage et l’espoir que notre vie aille mieux… »

Anonyme

 

« Je suis Congolaise de la République Démocratique du Congo. Le Congo est un pays ou les personnes qui ont une place au gouvernement vivent très bien, pour les autres, c’est beaucoup plus difficile. Le Congo est encore aujourd’hui un pays en guerre. J’ai quitté mon pays à cause de problèmes politiques. Mon compagnon était recherché, et quand une personne est recherchée, toute la famille de cette dernière est en danger. C’est ma famille qui m’a poussé à partir pour assurer ma sécurité. Je ne voulais pas car au Congo j’y ai mes racines, ma culture, j’y ai des amis et encore un peu de famille, d’ailleurs cela fait maintenant 10 ans que je n’ais pas vu mes enfants. Je suis arrivée en France en 2007. J’ai été hébergée en CADA (Centre accueil pour demandeurs d’asiles) jusqu’en 2019, j’étais hébergée dans une petite chambre, puis en 2015, ils m’ont proposé un petit studio. Avec l’aide des assistants sociaux, j’ai pu demander l’asile à l’OFPRA qui a été refusée, puis un recours auprès de la CNDA qui a aussi été refusée. La préfecture m’a délivré mon premier titre de séjour en 2010 pour une année. J’ai alors pu commencer une formation de maintenance Hygiène de locaux . Malheureusement ma demande de renouvellement n’a pas abouti l’année qui a suivi, ce qui ne m’a pas permis de continuer la formation ou travailler. Je n’ais rien lâché et j’ai continué à faire des demandes de titres de séjour. En 2014, j’obtiens mon second titre grâce auquel j’ai pu travailler un petit peu. Mais une nouvelle fois, la demande de renouvellement a été rejetée. J’avais alors pris la décision de retourner vivre au Congo, toute cette bataille administrative était trop lourde à porter. J’ai pendant ces longues années, développer des problèmes de santé, qui ne peuvent pas se soigner convenablement au Congo, c’est pourquoi je n’ai pas pu repartir. En 2019 je n’avais toujours pas de papiers, j’ai donc dû quitter le CADA, pour intégrer un hébergement d’urgence. Nous sommes en 2024 et j’y vis toujours… J’ai retenté une demande de titre de séjour que l’on m’a accordé en 2021. J’ai donc en une année réussi à trouver un petit emploi, j’ai signé mon contrat d’intégration Républicaine auprès de l’OFII et j’ai aussi passer le TCF (Test de connaissances du Français). Mon titre de séjour arrivant à expiration, j’ai demandé la carte de résident. Je suis à ce jour en attente de la réponse de la Préfecture. J’espère que l’on m’accordera cette carte de résident, qui me permettra enfin de pouvoir sortir de l’hébergement d’urgence car j’espère pouvoir bénéficier des ressources nécessaires pour assumer un petit logement. C’est pourquoi je souhaite continuer de travailler malgré le fait que je sois en retraite je ne perçois rien puisque je n’ai pas assez cotisé. Avec mon assistante sociale, nous avons le projet, que j’intègre une pension de famille dès que j’aurais eu une réponse positive de la Préfecture J’espère enfin, à mon âge avancé, pouvoir vivre un peu plus sereinement et en autonomie. »

Anonyme

La collecte se poursuit

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