TOLÉRANCE ZÉRO À L’ÉGARD DES MUTILATIONS SEXUELLES FÉMININES (MSF)

« J’ai récemment vu en consultation Bintou, jeune femme de 21 ans, qui, après l’interrogatoire d’usage dans lequel je ne trouvais pas de motif de l’examiner ni de pathologie quelconque, m’a avoué qu’elle aimerait que je regarde si elle était excisée. Elle ne l’était pas. A l’annonce de cette bonne nouvelle, elle a éclaté en pleurs de joie et j’étais moi-même émue et touchée de partager ce moment avec elle »

 

Terminologie et état des lieux en France

Les mots ont un sens, et il est donc primordial de ne pas limiter le phénomène à un seul type d’intervention (« excision »), de rappeler que ces pratiques n’empêchent pas la reproduction (« mutilations génitales féminines ») et de mettre en lumière la volonté de contrôle de la sexualité de la femme, d’appropriation de son corps, et l’enrayement de sa liberté. Le terme « mutilations sexuelles féminines » est donc le plus approprié. 

Les mutilations sexuelles féminines consistent en une ablation rituelle du clitoris, parfois des petites lèvres, ou en une infibulation (voir définition). Ces mutilations sont susceptibles d’entraîner de nombreuses conséquences sanitaires impactant négativement la vie des femmes mutilées. Les douleurs ressenties et les traumatismes provoqués affectent la santé sexuelle des femmes tout au long de leur vie : douleurs chroniques, risques d’infections vulvaires, urinaires, gynécologiques, complications obstétricales, risques accrus de mort du nouveau-né, répercussions psycho-traumatiques, et séquelles neurologiques.

Les MSF sont reconnues au niveau international comme étant une violation de l’intégrité et des droits fondamentaux des femmes et petites filles, et passibles en France d’emprisonnement et d’amendes lourdes (articles 222-8, 9, 10 du Code pénal)

En 2019, le Gouvernement Français a lancé un plan national d’action pour éradiquer les MSF, dans le cadre de la grande cause de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Le rôle des professionnels y est essentiel.

 

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Rôle des professionnels de santé

Les professionnels en contact avec ces filles et ces femmes, médecins généralistes, pédiatres ou gynécologues, les sage-femmes et infirmier/ères, les travailleurs sociaux et autres intervenants, nous sommes tous et chacun, impliqués dans cette lutte.

Prétendre ne pas savoir ce qu’il faut faire, être mal à l’aise, détourner le regard, est inacceptable.

De nombreux outils existent pour nous guider (voir plus bas), et notre rôle peut prendre de multiples facettes selon les situations rencontrées :

  1. En parler, avec une femme victime que nous recevons, avoir les bons mots, le réseau à lui proposer si elle le souhaite. Savoir lui parler de ses filles, la pousser à les protéger, anticiper les MSF possibles pendant les vacances scolaires
  2. Sensibiliser les autres acteurs autour de nous, construire une filière de prise en charge globale autour de la femme victime
  3. Pouvoir orienter vers une prise en charge multidisciplinaire selon les besoins exprimés par la femme : psychothérapie, sexothérapie, parcours de reconstruction chirurgicale éventuelle
  4. Sensibiliser les primo-arrivants sur le cadre législatif français, sanctions à l’encontre des contrevenants et protection des victimes potentielles
  5. Lorsqu’un risque potentiel ou réel est détecté :
    1. Transmettre les informations préoccupantes à la cellule de recueil des informations préoccupantes (CRIP) du département et saisir la brigade de protection des mineurs
    2. Envoyer un signalement au Procureur de la République
    3. Signaler la situation sur le portail de signalement en ligne des violences sexistes et sexuelles, gratuit, anonyme et disponible 24h/24 et 7j/7.
  6. Rédiger des certificats d’excision quand nous sommes sollicités, des certificats de non excision pour protéger les potentielles victimes. Celles-ci peuvent se voir octroyer le droit d’asile ou au séjour en France, parfois le statut de réfugié, selon les situations et la législation en vigueur

 

GSF, engagée dans la lutte contre les MSF

Depuis 2006, la Direction Générale de la Santé a confié à Gynécologie Sans Frontières (GSF) le soin d'organiser au niveau national, en collaboration avec les DRASS (Directions régionales des affaires sanitaires et sociales) et le GAMS (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles, des Mariages Forcés et autres pratiques traditionnelles néfastes à la santé des femmes et des enfants), des conférences régionales de sensibilisation sur les Mutilations Sexuelles Féminines. L'objet de ces réunions est d'informer puis de former les professionnels de santé et les acteurs sociaux sur ce thème. GSF poursuit son action auprès des professionnels de santé en leur apportant son soutien sur cette problématique et en participant à de nombreuses rencontres sur le sujet. Voir plus bas pour la page de GSF qui vous met en lien avec de nombreuses autres ressources nationales et internationales, des dossiers reportages et des ouvrages. 

 

Sources d’informations et de formation

https://gynsf.org/msf/

https://gynsf.org/vacances-dete-une-campagne-de-prevention-contre-lexcision-des-jeunes-filles/

https://www.excisionparlonsen.org/formations/

https://www.gynsf.org/MSF/praticienfaceauxmsf2010.pdf 

https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/female-genital-mutilation 

 

  • Définition de l’infibulation : Mutilation sexuelle féminine par laquelle on empêche les relations sexuelles en suturant ou en passant un anneau à travers les petites lèvres de la vulve.



La collecte se poursuit

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