Par Richard Matis Gynécologue obstétricien
Édité et parrainé par Hélène Decommer
Séance d’écoute et de soutien psychologique dans un centre pour femmes victimes de violences conjugales (DURAND FLORENCE/SIPA)
Cher confrère,
Il est temps que nous réagissions. Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur toutes ces femmes que nous rencontrons et dont nous percevons un mal profond. Sans aller plus loin.
C’est aujourd’hui la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
Nous, médecins, avons un rôle crucial à jouer pour dépister ces violences que nos patientes, souvent par honte ou déni, préfèrent cacher.
Et si c’était notre sœur, notre voisine ?
Rappelons que dans plus de 40% des cas, les violences apparaissent à l’occasion d’une grossesse ! Et que parmi les femmes qui décèdent du fait de la grossesse (mortalité maternelle), 16% font suite à des violences physiques au sein du couple.
Avant que nous ne détournions notre regard de ce sujet qui parait trop éloigné de nos préoccupations professionnelles actuelles, sachons que les violences envers les femmes ne touchent pas seulement les foyers défavorisés, mais toutes les classes sociales. Et s’il s’agissait d’une sœur, d’une cousine ou d’une voisine, notre regard changerait-il ? Et notre implication ?
Si la victime était une personne proche, saurions-nous comment lui en parler ? Comment l’aider ? Comment la soutenir et la soigner ? Sommes-nous formés pour cela ? Non !
Nos gestes et nos mots doivent évoluer
Depuis le 22 novembre 2013, le ministère des Droits des femmes vient de révéler son quatrième plan triennal de lutte contre les violences faites aux femmes. La formation initiale et continue spécifique à ces violences pour tous les professionnels impliqués visera : les médecins, les personnels médicaux et paramédicaux.
Le combat doit continuer, notre regard doit changer, nos gestes et nos mots, liés au serment d’Hippocrate, doivent évoluer. Pour le bien de toutes les femmes.
Nous devons être de plus en plus nombreux à nous mobiliser pour elles. Pour leurs enfants et futurs enfants, victimes collatérales des violences conjugales.
Nous sommes une des rares issues pour ces femmes
Nous représentons une des rares issues de sorties pour ces femmes victimes de l’isolement, voire enfermée sous l’emprise de leur conjoint. Soyons à l’écoute de ces femmes, dépistons-les, écoutons-les et montrons leur que nous sommes prêts à les aider.
Une seule phrase : « Ce qui vous arrive est inadmissible, vous êtes la victime, venez me voir, je suis à votre écoute et je vous aiderai. »
http://www.elle.fr/Societe/News/Un-manifeste-pour-lutter-contre-les-violences-conjugales-2634773
UN MANIFESTE POUR LUTTER CONTRE LES VIOLENCES CONJUGALES
Dans 40% des cas, les violences conjugales apparaissent au cours d’une grossesse. Et 16% des mortalités maternelles font suite à des violences au sein du couple. Ce vendredi, l’ONG Gynécologie sans frontières organise à Paris, sa 4ème journée humanitaire sur la santé des femmes. Le but : Améliorer la prise en charge des victimes de violences conjugales en informant davantage les professionnels de santé. A l’occasion de cette journée, l’ensemble des acteurs de périnatalité et certains médecins ou sages-femmes signent un manifeste pour lutter contre les violences faites aux femmes.
« Vous êtes les victimes, nous sommes à votre écoute, nous pouvons vous aider »
A travers la signature de ce texte, Gynécologie sans frontières, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français, le Collège national des sages-femmes ou encore la Société française de la médecine périnatale et le Conseil national de l’Ordre des médecins, s’engagent « à soutenir les actions de dépistage et de prise en charge des femmes et des enfants victimes de violences ». Mais également à « se mobiliser, s’informer, se former et à se rapprocher des réseaux de lutte contre les violences au sein du couple » pour participer à la protection des femmes et de leurs enfants. « Conscients aujourd’hui de notre rôle prioritaire, nous adressons ce message aux femmes en danger : « Vous êtes les victimes, nous sommes à votre écoute, nous pouvons vous aider. » », ajoutent les signataires du manifeste.
Alors que le 25 novembre dernier, la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a révélé son plan triennal de lutte contre les violences faites aux femmes, les professionnels de santé s’engagent enfin à « mutualiser tous les efforts allant dans le sens » de ce projet.
Histoire d’égalité femmes victimes de violence brisons le silence 24-11-2013
France Info – Histoire d’égalité – Femmes victimes de violence : briser le silence
campagne contre les violences faites aux femmes.
A l’occasion de la journées nationale contre les violences faites aux femmes, l’association « gynécologie sans frontières » souhaite sensibiliser les professionnels de santé au problème de ces femmes qui, la plupart du temps, n’ osent pas parler des violences qu’elles subissent.
Dans 40% des cas, la grossesse est une période où les violences conjugales apparaissent ou s’accentuent. Un moment où les gynécologues peuvent percevoir le mal-être de leur patiente. Encore faut-il qu’ils soient sensibilisés et préparés à les mettre en confiance et à les conseiller.
Dr Richard Matis obstétricien, et vice-président de l’association « gynécologues sans frontières« , met en garde contre le profil de l’agresseur : « un type sympa, convivial, très attentionné à l’égard de sa compagne, au-dessus de tout soupçon… Quand il se retrouve seul avec elle, il devient un tyran ».
Marie a vécu 9 ans aux côtés d’un homme qui lui a fait subir des violences « pendant ma grossesse le phénomène s’est amplifié, il n’était plus le centre du monde… » Son enfant, témoin des injures et des coups, est aujourd’hui suivi pour des troubles psychologiques.
Enfermées dans un cycle infernal, les femmes ont souvent honte de raconter les sévices dont elles sont victimes. Le cacher est leur premier réflexe, culpabilisées et sous emprise, elles subissent en silence. Sandrine raconte : » j’avais honte de moi, je pensais que tout était de ma faute « . Aujourd’hui elle a retrouvé une vie normale et créé une association, Etincelles 31, pour aider les autres femmes à oser réagir et dénoncer les violences dont elles sont victimes.
Violences faites aux femmes : quel rôle peut jouer le médecin ?
Aux Etats-Unis et en Europe, 20 % à 30 % des femmes subissent des violences au cours de leur vie. ©Des études, réalisées aux Etats-Unis et en Europe, montrent que 20 % à 30 % des femmes subissent des violences au cours de leur vie : violences sexuelles, physiques ou psychologiques. Elles s’exercent soit à l’abri des regards dans l’espace familial, soit à l’extérieur, notamment au travail. Elles ont évidemment des conséquences sur la santé de ces femmes et sur celle de leurs enfants.Les médecins ont un rôle crucial à jouer pour dépister les violences subies par les femmes, souvent par honte ou déni, préfèrent cacher.
La question de la grossesse
Lors du colloque organisé à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, la question de la grossesse sera abordée. C’est le moment-clef qui peut aiguiller le médecin à dépister les violences conjugales, explique le Dr Richard Matis, gynécologue obstétricien à Lille et vice-président de Gynécologie Sans Frontières.
Soit il n’y a jamais eu encore de violence physique (seulement des violences verbales), et les premières manifestations de violence physique arrivent pendant la grossesse. Soit il y a déjà eu violence, et cette violence est encore plus grande pendant la grossesse.
Les conséquences
Ces violences physiques peuvent entraîner des fausses couches, ou des accouchements prématurés, des retards de croissance intra-utérins et des hémorragies.
Une femme sur six qui décède de mortalité maternelle meurt des suites des coups de son conjoint.
Au travail
La violence envers les femmes peut s’exercer dans le monde du travail, au sein de l’entreprise. Ces violences sont de tout type : physique, sexuelle, harcèlement, viol…
Elles sont encore plus cachées que les violences familiales car les femmes risques leurs emplois.
Le rôle du médecin
Les femmes victimes n’osent pas toujours franchir la porte d’un commissariat. Pour toutes sortes de raison : peur des représailles, honte, déni… Les médecins doivent faire quelque chose, mais ils sont souvent réticent à poser la question, explique le Dr Richard Matis. Le sujet est encore tabou, mais il faut poser la question systématiquement en cas de grossesse.
Une enquête vient de montrer que les étudiants en médecine français ne sont absolument pas formés à cette problématique et ils le regrettent. Il faut donc impérativement enseigner les violences faites aux femmes dans les facs de médecine.
RFI Priorité Santé : violences faites femmes le rôle des professionnels de santé
A l’occasion de la 4ème journée humanitaire sur la santé des femmes, qui s’est déroulée le vendredi 29 novembre 2013 au Palais du Luxembourg, nous revenons sur les violences conjugales qui font plus de victimes chaque année que le cancer du sein. Au cours de sa vie, une femme sur trois est confrontée à la violence conjugale, physique ou psychologique. Selon le rapport des Fonds de Développement des Nations unies pour la Femme, ce phénomène touche les femmes sans exception, quel que soit leur groupe social ou économique. Comment mieux lutter contre ces violences ? Quel peut être le rôle des professionnels de santé ?
- Dr Richard Matis, gynécologue obstétricien Groupement Hospitalier de l’Institut catholique de Lille et vice-président de Gynécologie sans frontières
- Pr Roger Henrion, gynécologue obstétricien, membre de l’Académie de Médecine et auteur du rapport sur le Rôle des professionnels de santé vis-à-vis des femmes victimes de violences
- Ernestine Ronai, coordinatrice nationale « Violences faites aux femmes » de laMIPROF, Mission interministérielle pour la protection des femmes victimes
- Marguerite Brankitse, présidente et fondatrice de la Maison Shalom au Burundi
Sites à consulter
Stop violences, cliquer ici
AVTF, cliquer ici