Le 9 décembre 2021, l’Hôpital Général de Référence de Panzi et la faculté de Médecine de l’Université Évangélique en Afrique (UEA) ont lancé à Bukavu (Sud Kivu - RDC), le premier diplôme interuniversitaire de pelvi-périnéologie, organisé et conçu en collaboration avec Gynécologie Sans Frontières, l’Université d’Angers et l’Académie Française de chirurgie.
Ce programme a pour objectif de former des médecins généralistes ou en cours de spécialisation à la prise en charge des complications vaginales, conséquences, pour la majorité d’entre elles, des violences sexuelles subies par les populations de l’Est de la RDC.
Cinq cent mille. C’est le nombre alarmant de femmes victimes de violences sexuelles chaque année en République démocratique du Congo (RDC). Soit plus de mille par jour.
Depuis plus de deux décennies, à la suite du lancement de processus de démocratisation de l’ex-Zaïre, le viol est utilisé comme arme de guerre dans ce pays de 93,8 millions d’habitants.
Aux premières loges du combat contre ce fléau dont on parle si peu, figure le Dr Denis Mukwege, médecin gynécologue congolais, Prix Nobel de la Paix 2018, Directeur de l’Hôpital Panzi. Cet établissement, prend en charge chaque année plus de 3.500 victimes de violences sexuelles et leur permet de bénéficier d'une chirurgie reconstructrice.
En 2012, Gynécologie Sans Frontières a mis en place au sein de cet Hôpital un programme de formation chirurgicale aux séquelles handicapantes obstétricales (fistules, prolapsus) des médecins et spécialistes en gynécologie, qui s’est poursuivi jusqu’en 2018.
Sollicitée par Denis Mukwege, Gynécologie Sans Frontières a participé en 2019 à la conception d’un diplôme de chirurgie vaginale et organisé une première session de formation d’un mois, en mai 2019, à laquelle ont participé 17 jeunes médecins issus principalement de Bukavu.
En raison de la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie de coronavirus, le lancement du DU a été reporté à 2021.
Ainsi, une trentaine de médecins, pour le plus grand nombre en cours de spécialisation, issus de toute la RDC, se sont inscrits à la formation de décembre à laquelle sont intervenus durant deux semaines les Drs Claude Rosenthal et Bernard Crézé, respectivement Président d’honneur et membre de Gynécologie Sans Frontières, le Dr Étienne Vincens, chirurgien viscéral, gynécologue et oncologue à la clinique Saint-Jean de Dieu (Paris) et le Pr Richard Villet, Président de la Fondation de l'Académie Française de Chirurgie.
«C’est un programme qui existe, qu’on effectuait depuis quelques années, mais qui a pris une autre dimension cette fois ci. Cette année on a l’engagement de la faculté et l’engagement de l’université dans cette formation. C’est ça qui donne un cachet spécial à cette formation. Il y a eu beaucoup de violences dans cette province et nous avons des femmes qui ont été violées qui affichent des complications dans leur sphère génital. Les conséquences de ces complications est qu’aujourd’hui il y a des femmes abandonnées ou chassées de leurs foyers. Ici on veut que les jeunes gens qui vont apprendre à travers cette formation parviennent à prendre en charge ces femmes-là afin de faire face à ces complications-là. Les candidats sont des médecins qui en ont fait la demande. Tous ceux qui en ont fait la demande pour cette fois ci, ont été tous admis. La formation en elle-même prendra trois mois. Il y a une partie théorique et bien sûr la partie pratique. Ils vont donc voir comment on soigne et comment on répare les complications causées par les violences » a soutenu le Professeur Mbo Mukonkole Jean-Paulin, Doyen de la faculté de médecine de l’UEA, lors du discours d'ouverture officielle du DU.
La promotion de décembre 2021 va être suivie à distance, jusqu’à l’obtention du diplôme, par l’équipe d’enseignants français en concertation avec l’équipe congolaise encadrante sur place.
De nombreuses demandes d’inscription au DU de pelvi-périnéologie provenant de résidents de RDC mais également de pays limitrophes viennent d’être enregistrées par l’UEA, confortant le souhait réciproque des partenaires à ce projet, dont fait partie GSF, de poursuivre ensemble ce programme d’enseignement en 2022 et ainsi développer dans tout le pays la prise en charge efficace des femmes souffrant de pathologies gynécologiques graves.
Gynécologie Sans Frontières remercie chaleureusement les équipes de l’Hôpital Général de Référence de Panzi et de l’Université Évangélique en Afrique pour leur accueil et leur confiance.