Pour la deuxième fois, j’allais assurer la coordination des refuges de Gynécologie Sans Frontières dans le nord de la France.

En 2017, un lieu unique proposait un accueil d’urgence et de courte durée; depuis décembre dernier, un autre appartement permet un hébergement à plus long terme, pour des femmes souhaitant demander l’asile en France.

Avec Amélie, mon premier binôme, nous allions prendre soin de ces femmes arrivées, sans l’avoir vraiment choisi, dans les Hauts de France.

Le parcours de vie de ces femmes est toujours marqué par l’empreinte de la violence:

  • celle de la guerre, qui pousse les Kurdes à tenter de rejoindre l’Angleterre
  • celle des hommes, qui réduit en esclavage nombre de femmes, sans accès à l’éducation; avec les viols, les grossesses imposées
  • celle d’autres femmes, qui perpétuent la tradition de l’excision.

Il en faut du courage pour dire non, pour s’opposer, pour résister et pour s’enfuir de ces lieux de violence. Ne plus se soumettre, refuser l’oppression.

Comment se reconstruire, comment pouvoir enfin choisir sa vie ? Surtout qu’une autre violence est à affronter sur notre territoire: l’aléatoire des décisions administratives, la difficulté à trouver un hébergement, l’incertitude quant à l’avenir.

Alors, comment se situer, comment accompagner ces femmes, qui hormis un toit, ont besoin de tout?

  • De vêtements
  • De nourriture
  • De produits d’hygiène
  • De cours de français
  • D’une prise en charge médicale et psychologique
  • D’une aide administrative
  • De distractions
  • De rire
  • De rêver
  • D’espérer

Il y a une force incroyable animant Y, jeune maman de 19 ans. Elle a quitté la Guinée avec la Pirogue, est arrivée au Maroc, où les hommes ont profité d’elle; son fils Mohamed est né de ces viols.

Le bateau, à nouveau, pour passer en Espagne, et les bus. Nous avons, dans la joie, fêté le premier anniversaire de Mohamed.

Quelles blessures secrètes cache G, 57 ans, venue d’Argentine, après des années en Floride ?

Et puis cette jeune congolaise, ayant fréquenté les bonnes écoles de Kinshasa, menacée dans son pays à cause des activités de son père biologique. Et à qui la France refuse l’asile, faute de preuves suffisantes. Bien sur, les viols répétés, la césarienne à 12 ans pour accoucher d’un enfant issu de ces viols, ne donnent pas droit à une protection.

Et encore A, qui nous attendait à la gare de Dunkerque.

Après plusieurs nuits à dormir dans l’encoignure d’un garage, elle a été recueillie par une jeune française d’origine sénégalaise comme elle.

…/…
Tenter d’apaiser, prendre soin, offrir un accompagnement bienveillant, voilà ce que j’ai essayé de faire, humblement, pendant ces semaines d’octobre.

Ce que j’ai partagé, avec ces femmes, avec les bénévoles, est riche d’émotions et d’enseignement.

J’aimerais saluer le travail des initiateurs de cette mission