"Les vacances en Guinée ! Toute joyeuse, pour la première fois, avec ma sœur aînée, nous allions découvrir le soleil, la mer et la plage, de quoi rendre jalouses les copines au retour ! Mais les vacances se sont transformées en cauchemar. Nous avons été excisées avec nos cousines. Une femme nous a tenu les jambes, une seconde nous tenait les bras et une troisième nous a coupés le clitoris", raconte F., née en France et partie à 12 ans en Guinée.

Impatiente à l’aller, mutilée au retour...

Pour la plupart des jeunes filles, les vacances d’été sont synonymes de bonheur et d’insouciance.

Mais pour une partie d’entre elles, elles seront malheureusement synonymes de violences et de traumatisme si rien n’est fait pour les protéger.

En effet, chaque année, des milliers de jeunes filles risquent d’être excisées lors d’un séjour dans leur pays d’origine ou celui de leurs parents.

Pour lutter contre ces mutilations, la campagne de prévention "#AlerteExcision" a été lancée au départ des vacances d’été par l’association Excision Parlons-en !

Le nombre de femmes excisées en France est estimé à 125 000 et à 575 000 au sein de l’Union européenne.

3 filles sur 10, de parents issus de pays pratiquant les mutilations sexuelles féminines, restent aujourd’hui menacées en France.

Les grandes vacances d'été représentent une réelle menace

"Les grandes vacances d'été représentent une réelle menace pour celles qui, impatientes à l’idée de partir, vivront finalement un traumatisme et finiront mutilées", alerte l’association Excision, parlons-en ! "Une vigilance particulière doit donc s’exercer à l’approche des départs en vacances. La campagne #AlerteExcision vise à sensibiliser sur ce sujet et protéger les jeunes filles directement concernées", poursuivent les militants.

Une permanence d’écoute anonyme et gratuite

Depuis le 6 juillet, date qui marque le début des vacances scolaires, un film décliné en plusieurs visuels est partagé sur les réseaux sociaux des membres du réseau Excision, parlons-en, dont fait partie Gynécologie Sans Frontières.

Une permanence d’écoute anonyme et gratuite est également ouverte tout l’été 7 jours sur 7, accessible via le tchat commentonsaime.fr. La campagne a aussi pour objectif de renvoyer vers le site d’informations alerte-excision.org et, en cas de besoin, le service national d’accueil téléphonique pour l’enfance en danger (119).

Toutes les jeunes filles qui vivent en France, quelle que soit leur nationalité, sont protégées de l'excision. C’est un crime puni par la loi française, même si l'acte est commis à l'étranger.

Pour Ramata KAPO, présidente du réseau Excision, parlons-en ! et militante contre les mutilations sexuelles féminines : "de nombreux cas d’excisions perpétrés à l’occasion de visites familiales à l’étranger sont observés chaque année. Une situation alarmante qui nous pousse à redoubler de vigilance pendant la période estivale, qui plus est dans un contexte de crise sanitaire qui laisse craindre une recrudescence des mutilations sexuelles féminines. Alors que de nombreuses jeunes filles quitteront le territoire cet été, alerter et libérer la parole sur le sujet est indispensable pour les protéger, faire respecter leurs droits et préserver leur intégrité physique".

L’excision, parlons-en pour ne plus en entendre parler !

L’excision est une atteinte à l'intégrité physique des filles et une violation grave de leurs droits. Elle consiste en l'ablation partielle ou totale des organes sexuels externes de la femme ou autre lésion des organes sexuels féminins.

L’excision est encore et toujours pratiquée dans 92 pays à travers le monde, soit dans 4 continents sur 5. D’après Plan International, dans le monde, une fille est excisée toutes les 10 secondes en moyenne et si rien n’est fait, 30 millions de filles risquent d’être excisées au cours des 10 prochaines années.

Selon le réseau européen de référence End FGM, 190 000 filles vivant dans l’Union Européenne sont menacées d'excision, elles sont plus de 4 millions à l’être dans le monde. Malheureusement, la crise sanitaire n’a fait qu’empirer cette situation : l’ONU estime que 2 millions de cas supplémentaires d’excision sont à craindre d’ici 2030 à cause des conséquences de la pandémie.